Qu'est-ce que l'amitié ? Les philosophes et les écrivains de tous les temps ont posé d'innombrables questions dans l'espoir de se rapprocher de son essence :

L’amitié est-elle indispensable à une vie heureuse, comme le croyait Aristote ? La confiance est-elle nécessaire, comme le soutenait Cicéron ? L’amitié atténue-t-elle la solitude, comme le conclut Leopardi dans son Zibaldone ? La loyauté est-elle une preuve d’amitié, comme le suggère Pétrarque dans ses Lettres aux auteurs classiques ? Les amis peuvent-ils être circonstanciels, comme l’illustre Boccace dans Le Décaméron ? L’amitié doit-elle être fondée sur des intérêts communs, comme le préconisait Machiavel ? Peut-on être ami avec ceux qui nous ont quittés, comme Montaigne l’était avec Étienne de La Boétie ? Comme vous pouvez le constater, l’amitié continue d’intriguer et de dérouter même les plus grands esprits depuis des siècles.

L'humanisme de la Renaissance est né et s'est développé dans le nord de l'Italie. Il s'est concentré sur l'exploration des relations humaines, notamment de l'amitié, comme source d'épanouissement personnel et pour le bien de la société. En reprenant les philosophies classiques, les humanistes ont cherché à promouvoir l'humanitas – la culture et l'expression de la vertu humaine – dont l'amitié était considérée comme une partie. Mais dans quelle mesure leurs croyances sont-elles vraies dans la réalité ? La « véritable » amitié existe-t-elle réellement, ou appartient-elle exclusivement aux domaines de la philosophie et de l'imagination littéraire ?

Dans ce projet, Racconti di amicizia ( Contes d’amitié ), j’explorerai cette question à travers le prisme de l’humanisme de la Renaissance et je réfléchirai à la question de savoir si les idées philosophiques sur l’amitié trouvent un écho dans la vie quotidienne. Pour ce faire, j’engagerai des conversations avec les habitants de Toscane et de Vénétie, deux régions d’importance philosophique, en les invitant à commenter les définitions de l’amitié articulées par les humanistes de la Renaissance. Leurs récits en deux parties ( Racconti toscani et Racconti veneti ) seront accompagnés d’un recueil de mes dessins illustrant les interactions quotidiennes entre amis dans les villes et villages des deux régions. Au final, j’espère réconcilier la théorie avec la réalité, les idéaux de la Renaissance avec les réalités quotidiennes des relations humaines.